Le sable crissait sous ses bottes alors qu'il avançait le long de l'eau, silhouette solitaire tout de noir vêtu. Autant dire de suite que Gabriel n'avait pas la tête du touriste romantique ayant décidé pour une raison non identifiée de sortir pour une promenade alors que le ciel était gris orage. Vêtu d'un pantalon sobre, noir et d'une chemise tout aussi noire dont le col masquait les lacérations de sa gorge et qui était assez longue pour camoufler les berettas à sa ceinture, de hautes bottes de motard enserrant ses jambes élancées, le jeune homme pestait intérieurement contre la mission de reconnaissance qu'il s'imposait. C'était fascinant de constater qu'il n'avait même plus besoin d'un mentor ou d'un supérieur pour ça, juste de sa conscience. L'homme est un être complexe, décidément...
Comme pour améliorer son humeur maussade, le ciel gris décida qu'il était temps de déverser sa pluie sur le seul être passant dans les parages, et l'Exorciste n'eut que quelques minutes pour s'abriter dans une grotte non loin, dans les rochers à une extrémité de la plage, ses cheveux bruns déjà bien humides collant à sa peau. Il aimait la pluie, sincèrement, mais quand elle lui tombait dessus, beaucoup moins. S'asseyant sur une pierre, il écouta le son de l'eau tombant et ruisselant sur les rochers, fronçant les sourcils devant le constat que les nuages de l'orage avaient masqué la lueur de la lune, soit la seule dont il disposait. Pratique. Et le son de la pluie rendait difficile de détecter si quelqu'un approchait. Encore plus pratique. Positivons, le jeune homme étant vêtu de noir, il serait difficile à repérer, selon toute logique, mais cela ne le rassura qu'à demi, alors que ses yeux verts scrutaient les ténèbres.
Attentif, il attendit en espérant que l'averse se calmerait, patient, forme immobile rêvassant doucement. Ce fut le bruit qui le tira de ses pensées. Un crissement, rien de plus. Les iris vert-bleu lancèrent un éclat alors que leur possesseur rouvrait les yeux, déployant ses sens pour trouver l'origine du son. Lui, crier pour demander qui allait là ? Bah voyons. Quelle manière intelligente d'attirer l'attention d'il ne savait trop quoi. Maîtrisant son souffle, il se contenta de poser la main sur l'un des berettas, doucement, pour éviter tout froissement de tissu suspect à l'oreille d'un potentiel immortel.