Rencontre non hasardeuse [PV Dastan]

Une semaine. Une semaine c'était passée depuis la proposition du Prince, et, pendant ce laps de temps – qui lui parut court, mine de rien – Roberto n'avait cessé d'être plongé en plein doute. Chose rare, pour lui, qui était toujours assuré de nature. Il était clair que l'affaire relatait d'une réflexion profonde, qui pourrait s'avérer vitale pour lui. Cependant, bien que tentante, il fallait peser le pour et le contre. Chose difficile, surtout que, le choix était par la suite, irrémédiable. Mais le jeune homme, à présent, était sûr de lui, malgré la petite pointe d'appréhension qui l'habitait en ce moment, et ce, depuis son choix définitif. Sa réponse était positive. Même s'il ne supportait pas d'être sous des ordres, ceux-là, il essaierait de les supporter, car la contrepartie était alléchante : une vie plus longue, un comportement différent, une puissance un peu plus supérieure... Non pas que le jeune homme avait soif de pouvoir, oh que non. Il voulait juste être comme il l'avait toujours été : différent des autres. De plus, suivant ses goûts, il était possible qu'il s'y fasse, et que cela lui plaise.
Le rendez-vous était fixé ici, à la Chaine de Récifs. Pourquoi ? Peut être était-ce un test de survie, étant donné le danger des vagues hautes et glacées, des requins qui rôdaient, et bien entendu, des tranchants rochers qui entaillent aussi facilement qu'un ciseau sur une feuille de papier. Ou alors, pour, tout simplement, être à l'abri des regards. Ou les deux. Bref, pour l'heure, il était là. La nuit était pleine, et non dissimulée, donnant un aspect fantomatique au lieu tout entier. Les rochers avaient pris une teinte argentée face aux rayons lunaires, qui baignaient également dans l'étendue agitée de la mer. Le vent soufflait, haut et fort, par delà les récifs ; là où était Roberto, il n'y avait pas de vent : les rochers l'abritaient, et le plongeaient par conséquent, dans un silence de mort, qui lui donnait l'impression d'être déjà transformé.
Il fermait les yeux, jouissant des derniers instants d'humain à part entière qui lui restaient. Bientôt, le Prince serait là. Bientôt, lui, ne serait plus vraiment de ce monde. Mais ça, il l'acceptait. Les questions qu'il n'avaient cessé de se poser revenaient dans sa tête : Est-ce douloureux ? Vais-je survivre ? Que va-t-il se passer ?... Mais, qu'est ce qui lui arrivait ? Cela ne lui ressemblait pas de flipper pour un futur proche. Cela ne lui arrivait jamais de flipper tout court.
Machinalement, il caressa Mephista, dont la lame scintillait paisiblement, éclairée par la lune. Elle aussi, l'accompagnerait dans ce périple. Ça, il le savait. Avec ses nouvelles capacités et elle, il serait bien plus fort qu'avant. Tuer les lycans lui donnerait sans doute, un certain plaisir décuplé.

- Mephista, nous allons changer, et nous allons vaincre, murmura-t-il.

Sur la route qui menait aux récifs, dans l’obscurité la silhouette fine du prince du monde des ténèbres, avançait calmement au milieu du chemin en béton mal éclairé. A sa gauche se trouvait la mer et au dessus de cette étendue d’eau se trouvait la lune qui exhibait sa beauté aux cotés des étoiles. Mais ce soir, pour la première fois depuis bien longtemps elle ne pouvait arracher un seul regard du jeune homme marchant sous ses rayons. Lui qui n’avait d’habitude d’attention que pour elle, cette fois il semblait ignorer son existence même. Le regard grisé fixe devant lui, observait les rochers qui surplombaient les récifs non loin. Son rendez-vous se trouvait là. Loin d’être galant, il était tout de même important, pour son vis-à-vis. Lui-même ne ressentait aucune excitation particulière, ce n’était pas lui qui allait subir une transformation à vie, ce n’était pas lui qui avait à prendre « la » décision qui changerait ou non le destin de l’humain. Et s’il acceptait de ce déplacer jusqu’à ce lieu reculer du château ce soir là, il le devait à sa personnalité qui avait attisé la curiosité de Dastan. Créer un lien avec ce type… lui semblait très intéressent du fait qu’ils ressentent le même besoin de destruction des Lycans. D’autres facteurs se rajoutant à cette soif de destruction, Dastan finit par céder et accepter à s’adonner à un acte qu’il n’aurait jamais cru faire une seule fois dans sa vie. Donner à un humain, un ennemi de sa race, une arme de destruction qui par une balle pouvait le blesser gravement… le pouvoir fascinent mais à double tranchant de l’immortalité et lui offrir un corps plus résistant.

Dastan savait ce qu’il faisait. Il avait conscience qu’il aurait tout contrôle sur cet être qui s’engageait lui-même à devenir son « esclave ». Qu’il ne pourrait blesser les siens. Et il voulait le voir en action… l’observer détruire chaque boule de poils qui se présenterait à lui. S’amuser du spectacle, voir sa progression, ses réactions à son venin. Et surtout, tester sa détermination. Car cette transformation comptait beaucoup de risques, le pauvre fou allait ce soir même jouer sa vie à pile ou face. Une lueur brilla dans les yeux du prince, sentant enfin de nouvelles sensations à l’approche de cette expérience. Il était impatient de tester cet humain. Lui qui n’était pas né avec ce virus… sauras t-il y survivre ? ca promettait d’être douloureux, et un spectacle exaltant pour le vampire. Car si l’humain réussirait, lui en retour recevrait un serviteur des plus puissants, et peut-être… plus utile que prévu. Son sourire disparut lorsqu’il arriva tout en haut des récifs. Le vent faisait voleter ses cheveux en tout sens, tout comme ses vêtements. Il faisait un peu froid par ici, et le bruit des vagues se fracassent sur les rochers était la seule chose qu’il pouvait entendre. Il s’arrêta au bord, cherchant du regard son premier cobaye. Il ne serait pas surpris de constater son absence, après tout ce n’est qu’un mortel, et les mortels… sont souvent bien trop accrocher à leur humanité pour oser l’abandonner pour quoi que ce soit, même la puissance. Mais son intérêt pour le chasseur de Lycan augmenta d’un cran lorsqu’il le vit contre un rocher plus bas… génial, cet humains avait tout pour lui paire. Il a du cran !

Il le rejoignit rapidement, descendant les rocher rapidement, agile comme un chat. Et à un mètre de l’humain, sur une pierre se trouvant un niveau plus haut que le sien, il s’arrêta et le toisa, les yeux légèrement brillant dans l’obscurité.

«J’hésite entre désespérer, fou ou simplement suicidaire. Mais tu as du cran pour un simple humain. »

Pas un « bonsoir », ou une quelconque gentillesse. Il n’avait pas envi de s’éterniser ici, et encore moins donner l’occasion à l’humain de le décevoir. Il le regarda dans les yeux scrutant le fond de son regard à la recherche du moindre doute. Il mit une main sur la hanche, prenant un air des plus sérieux.

«Alors… quel est ta réponse. Quel choix tu as fait ? »

Il saute de son rocher pour atterrir devant lui. Sans quitter son regard du sien.

Roberto se redressa avec grâce, à l'approche du vampire. Ce sentiment d'appréhension et d'excitation ne l'avait pas lâché, et était plus fort que jamais. Cependant, il ne fallait pas que Dastan le remarque ; un sentiment trop visible était mauvais pour acquérir une bonne estime auprès de son Maitre.
Maitre ?... Car les choses vont en être ainsi, maintenant : autant s'y habituer, même si cela ne lui plaisait pas.

- Qu'on en finisse, ma réponse est oui, fit-il, la voix ferme et les yeux brillants, quand le vampire l'aborda.

Bon... à présent son destin était figé. Cloué, irrévocable et tout proche. Il posa Mephista à terre - cela ne l'enchantait pas de la laisser comme ça, pendant qu'il souffrirait, mais... comme ça, Dastan ne devrait pas se sentir agressé. Sait-on jamais ? mieux vaut prévenir que guérir. Il se préparait au pire, et se forçait à ne pas ciller. Ne pas montrer ses sentiments, ça, il connaissait, mais comment se calmer, alors qu'il savait que, d'ici une heure, il ne serait plus vraiment lui ? le même lui qu'avant. Drôle d'idée, que d'accepter.

- Je... commença-t-il.

Il secoua la tête, le regard froid.

- Non, rien.

Une partie de lui venait se révolter un peu trop fort. Il avait peur. Mais il était fort. Il se doutait que les étapes de sa transformation seraient des plus risquées, mais bon. Tant pis, de toute façon, il ne pouvait plus reculer. Oh et puis merde, quoi ! cogiter ne servait plus à rien ! Seuls les actes détermineraient sa vie, à présent.

- Je suis prêt, Dastan.

Inconsciemment, il ferma les yeux, pâle, de marbre, ne sachant par où commencer. Que devait-il faire ? attendre les instructions de Dastan, ouais. Il se tenait droit, là, immobile, sa silhouette parfaitement taillée dans le ciel étoilé, éclairée par la lueur de la lune, les cheveux flottant au vent marin des récifs. Vent, qui, d'ailleurs, devenait froid. Le sang chaud qui animait son corps le réchauffait, mais pas assez pour l'empêcher de greloter. Hum... il se demandait si cela allait être aussi douloureux que la première fois.

LA réponse positive fit sourire Dastan. Il avait bien choisit son futur Incube. De haut en bas, il observa l’humain qui lui offrirais bientôt sa vie, et se promis de montrer le beau spécimen mâle qu’il avait trouvé. Il valait largement son propre esclave bien que ce dernier soit lui un vrai vampire. Mais cet humain serait tranquille. Le caractère de Dastan rejetant toute compagnie, il serait bien libre de faire ce qu’il veut, tant qu’il répondra présent à sa moindre demande. Mais ce connaissant… L’humain n’entendra pratiquement plus parler de lui. Son seul souhait étant qu’il détruise ces bêtes poilues et galeuses que sont les Lycans. Il posa son regard sur le sabre que venait de poser au sol l’humain. C’était donc avec cette belle lame qu’il coupait en morceau les carpettes vivantes. Bel objet, mais meurtrier. Il en connaissait la couleur pour en avoir eu l’aperçu d’une même lame pour les vampires. La seule différence étant le matériau utilisé.

Son attention fut attirée par l’hésitation soudaine du brun aux cheveux longs. Il fronça légèrement les sourcils. Pour lui la roue as déjà été tournée. Dès qu’il avait prononcé son « oui » il avait décidé qu’il n’en serait pas autrement, et se reprendre maintenant n’y changeras rien. De toute façon, il se reprit vite et semblait enfin prêt. Très bien, il n’avait pas que ça à faire. il s’approcha un peu plus de l’hunter, son visage s’arrêtant à quelques centimètre tu siens.

« Ne gaspille pas mon temps en mourant. »

Les secondes qui suivirent-ils préparait son cou à l’évènement. Ses lèvres frôlait la peau douce, cherchant l’endroit idéal, ou le tissu humain serait le plus fin, l’endroit le mieux placer pour être confortablement installer dans sa veine et lui transmettre son venin. Et lorsqu’il se le trouva il s’immobilisa. Sa bouche s’ouvrit et deux grandes canines sortirent de leur cachette, se frottant contre la nuque offerte. Sans avertissement, et tout en agrippant Roberto dans ses bras, il enfonça rapidement ses crocs dans sa veine, jusqu’au bout et jubila en sentant le sang chaud remplir sa bouche. Il se permit de boire une gorgée puis se rappela sa corvée. Tout en buvant une seconde gorgée il lui injecta la dose de venin désiré, puis se retira aussitôt, ne voulant pas se tenter à lui retirer plus de sang. Il aurait besoin de ses forces s’il voulait survivre à cette transformation. Le regard rougit par l’excitation exaltante de boire le sang d’autrui, il posa ses iris sanguinaires dans les siens, guettant ses réactions, le déroulement du début de la métamorphose. Essuyant le sang d’une main il recula, et un sourire satisfait s’annonça sur ses lèvres.

« Bienvenue dans le mode de la nuit… du moins si tu survis. »

Roberto, à sa grande surprise, n'avait absolument pas bougé quand Dastan lui avait frôlé le cou ; comme si, les émotions, qu'il avait eut quelques minutes avant s'étaient évanouies sans crier gare. Les sensations diverses comme l’ouïe, la vue, et le touché étaient également parties en fumée. C'était pas plus mal, et tout allait bien, il se tenait immobile, mais pas moins figé, et, même les fous battements de son jeune cœurs s'étaient désormais apaisés, similaire à une douce caresse prometteuse d'un avenir doré. En revanche, tout se déroula en un éclair, et, le cours des choses s'inversa. Une fulgurante douleur lui transperça la nuque, le faisait gémir, à tel point qu'il dû fermer ses yeux améthystes pour mieux canaliser la souffrance. Quelle atroce sensation ! Mais ça, il s'y attendait. Par réflexe, il voulut arrêter le processus, se barrer loin de cette scène, ce coup de théâtre qu'il vivait, bien qu'attendu, et inattendu à la fois, mais les bras de Dastan le bloquait fermement, rendant toute fuite subtile. Les crocs du Prince étaient profondément ancrés dans sa chair, lui coupant légèrement la respiration, mais n'altérèrent pas sa santé - la douleur exceptée - pour l'instant. Soudain, il sentit que son sang se faisait aspirer, et eut un moment de panique : et si tout cela n'était qu'un piège ? une manipulation ? Mais le vampire, retira ses crocs, et la douleur s'évanouit presque complétement, aussitôt, à son grand soulagement. Un soulagement tellement désiré, tellement intense, qu'il se laissa tomber à quatre pattes sur les rochers glacés. Glacés ? les sensation lui revenaient. De nouveau, il sentait le vent, de nouveau, il entendait les bruits de la vie, de nouveau, il sentait sur lui les reflets des étoiles et de la lune... Mais...
Il ne se sentait plus vivant. Étrangement vide. Noyé dans un néant inconnu, une sensation, qui, même s'il ne l'eut point côtoyée, ressemblait à la Mort.
La main inconsciemment posée sur sa nuque ensanglantée, il releva le tête, les yeux aussi décidés que son coeur était devenu froid, et aperçut son Maitre, sans vraiment le voir. Il haletait, et de la sueur perlait sur son front. Il voulut se mettre debout, mais chancela, et retomba au sol, les mains devant lui pour ne pas glisser. Merde... il se sentait bien, et pourtant ?... pourquoi son corps ne lui obéissait plus ? Pourtant, il allait b... Non. Plus les secondes passaient, et plus il se produisit un phénomène étrange. Il sentait le venin se rependre dans son corps, comme un brûlant liquide. A partir de là, tout se corsa.
Une pointe affreuse lui transperça la poitrine, puis une autre à la gorge, puis encore une à la jambe, et une autre... Il cracha du sang. Le venin devenait insupportable, et il ne voulait pas s'arrêter ! Il cracha du sang de nouveau, et en grande quantité, les bras repliés sur son ventre qu'il serrait, un rictus de souffrance le faisait ployer sa nuque. Toute vie l'abandonnait. Tout s'effaçait, tout s'envolait. Il recommençait à zéro. Mais recommencer quoi ? à vivre, alors qu'il était MORT ?
Il entendit néanmoins la voix de Dastan, mais n'en comprit pas vraiment le sens ; un bourdonnement agaçant hurlait dans ses oreilles, mais ce fut sans le vouloir, qu'il parla d'une voix forte, quoiqu'un peu sensuelle :

- Je suis prêt à vivre, Maitre.

Devant lui, le jeune homme à genoux au sol souffrait. Cette violente étape était l’une des plus durs à supporter, mais la métamorphose ne faisait que commencer. En face de cette vie qu’il venait d’empoisonné il restait de marbre, le regard dur poser sur lui, l’observant méticuleusement, son visage, le sang qu’il avait craché sur le sol, son corps qui se mourrait sous le coup de son poison, mais qui en même temps lui donnait une nouvelle vie. Mourir, pour renaitre, cette étape ne pouvait qu’être douloureuse. La sensation de mourir sans pouvoir se laisser allez aux ténèbres. Son corps devrait commencer à se refroidir les battements de son cœur faiblir, bientôt il sera mort. Et le nouveau maitre ne cillait pas. Un sourire se dessina même sur son visage habituellement grognon. Il se réjouissait de cette nouvelle naissance, cette nouvelle puissance alliée. Et la voix du nouveau être de la nuit s’éleva. Dastan eut un rictus alors qu’il s’éloignait de l’humain de quelques pas, avant de se retourner vers lui et lui répondre d’une voix neutre.

« Ho non. Tu n’as pas encore finit de te transformer. Ce n’est que le commencement d’une longue souffrance. »

Son regard se leva vers la lune, avant de le reposer sur l’homme encore au sol. Il avait un certain respect pour le garçon. Il n’est pas donner à tout être de survivre a l’injection, ‘après ce qu’il savait, beaucoup en mourrait. Mais il ne pouvait être sûr de la réussite de l’expérience aussi rapidement et donc… ils devront attendre, patienter, jusqu’à l’achèvement de sa renaissance. Les secondes s’écoulèrent, sans que Dastan ne fasse un seul geste. Il était très intéressent d’observer les réactions du corps encore vivant face à cette violente agression. Il en était presque hypnotiser. Puis enfin reprit la parole.

« Nous nous reverrons bientôt, lorsque tu seras totalement prêt. »

D’un rapide geste, il sauta sur un rocher en hauteur, décidant qu’il en était assez pour ce soir. Il se tourna une dernière fois vers l’incube, et eut un autre sourire

« Tu as intérêt à survivre. »

Roberto paniquait, à présent. Il se sentait faiblir, de plus en plus. Il n’entendit même pas les dernières paroles prononcées par Dastan, mais ne sentait plus sa présence. Depuis une heure. Non, deux heures. Quoique... cinq minutes. Détraqué, perdu, souffrant, agonisant qu'il était, le futur mort. Car, c'était un fait : il était toujours vivant. Pour le moment. C'était à pile ou face, que cela se jouait. Ou peut être pas...
Il criait de douleur, et crachait de grandes quantités de sang, les mains crispée contre la rocaille, lui égratignant la peau. Il tremblait de tout son corps, bientôt fourmillant.
Les minutes passaient, son corps devint froid, et engourdit, si bien qu'il se laissa choir sur le côté, les yeux fermés, la respiration saccadée, tendu à craquer ; les battements de son cœur se faisait de plus en plus faibles.

- Je vais mourir, pensa-t-il, putain... je...

Plus rien. Le néant, à nouveau. Ses pensées s'arrêtèrent, mais son sang - ou plutôt, ce qu'il croyait être son sang - continuait de bouillir en lui. Il n'avait plus la force de bouger. Il remuait, mais c'était tout. Ce serait tout. Son rythme cardiaque se fit irrégulier, et les battements se comptaient avec de longues secondes d'intervalle. Le jeune homme luttait contre la Mort, mais celle-ci s'emparait de lui. Il ferma les yeux, et s'endormit. Mais son sommeil n'avait rien de réparateur : il était douloureux, brûlant - des flammes parcouraient le lieu où il se trouvait, mais quel était ce lieu ? des millier de cris, de sensations l'envahit soudain, et c'était affreusement désagréable. Même dans son cauchemar, le poison le torturait. Mais, là, il n'entendait plus son cœur. Cela n'avait rien d'étonnant : il dormait. Mais, contrairement à sa réalité actuelle, il sentait vivant. Mort, et vivant. Quelle étrange sensation...
La plaie à sa gorge ne lui faisait plus mal. C'était tant mieux. Ou... était-ce par que la vie l'avait quitté ? Il se "réveilla" aussi agonisant qu'avant, mais, ses pensées étaient revenues à lui. Il retrouvait sa force motrice, ou du moins, ce qu'il en restait, et pensa d'abord qu'il était vivant, bien vivant. Mais ce n'était pas le cas.
L'incube se redressa, la main crispée sur le cœur. Cœur, qui s'était éteins. Très surprit, il se demanda s'il était toujours à dormir, puis avisa autour de lui, et tout lui paraissait plus clair ! Il observa partout, intéressé, assis contre un rocher, à cracher son sang. Avait-il survécu ? Une chose était sûre, il était "vivant", car il souffrait toujours. Il fut prit d'un nouveau malaise, et encore une fois le poison lui poignarda la gorge, et se rependait partout dans son corps, le forçant à se laisser-tomber sur le sol, non loin de la mer, qui semblait bien agitée, comme si elle participait elle-même à son propre combat.

- Argh... je n'en peux plus... et... pourtant... pensa-t-il en se tordant de douleur, les poings serrés.

Ce supplice allait-il durer longtemps ? Il lui semblait que cette vague de souffrance était moins puissante que la première, ou alors, il s'y était accoutumé. Il sentait que la transformation serait longue, mais, il était déjà dans le monde de la nuit, et n'avait plus rien à craindre de la Mort, à présent.


Une Rencontre non Hasardeuse [fin]